Gallimard jeunesse, (merci Véronique).

Les étranges soeurs Wilcox

Tome un: Les vampires de Londres

Il fallait oser mélanger des vampires, Sherlock Holmes, Jack l'éventreur et Bram Stoker (auteur de Dracula) dans le même roman...  pari original pour cet ambitieux projet de Fabrice Colin que je ne connaissais qu'en SF.

Londres 1888, brumes et clairs de lune, dans un cimetière se réveillent Luna et Amber, deux soeurs dont le destin vient de basculer et qui vont avoir tout leur temps dorénavant pour comprendre ce qui leur arrive... vous l'avez deviné, elles ont été mordues, elles possèdent maintenant bien d'autres qualités que leur courage, leur fraîcheur et leur curiosité. Elles distinguent les auras, elles tordent les barreaux.. Ces dons, les Invisibles voudraient bien les avoir à leur service, eux qui doivent lutter au service de sa Majesté herself contre des menaces aux grandes canines. Et la trame se met en route dans un Londres victorien lugubre et foisonnant de créatures maléfiques, de complots à découvrir au détour des loges de théâtre, d'assassins à traquer dans les parcs, de médecins diaboliques à arrêter, de caste millénaire et puissante à abattre.. Et si au passage on peut en apprendre davantage sur sa propre histoire palpitante et tragique, c'est bonus..

Oui, j'ai aimé les décors et thématiques qui font frisonner, la sympathie qui se dégage de certains personnages (quel destin pour ce cher Watson..) et l'audace première d'un tel mélange des références

Non, je n'accroche pas au fait que ce soit encore le début d'une longue série à suivre...pfff...

Je n'apprécie pas non plus que les nombreux fils qui se mêlent forment au final une pelote parfois indigeste. C'est peut être un peu "too much", une impression de double-couche parfois inutile. D'accord c'est le décor qui est planté dans ce premier tome, mais il est difficile de s"y retrouver dans les nombreux groupes, dans les différentes références... ça va donner de belles discussions et de nombreux commentaires au moins! Je n'ai pas réussi à m'identifier, à me repérer.. (plutôt Holmes ou Stoker? plutôt Amber ou Luna? plutôt cimetière ou théâtre? plutôt vampire ou faune? ...)

Je devrais faire un stage auprès de Buffy, je n'ai apparemment pas l'âme d'une chasseuse de vampires...d'ici le deuxième tome le pieu sera peut être devenu mon ami...Heureusement, vous êtes nombreux à avoir plutôt bien accueilli cette histoire, non?

Blog de l'auteur? oui, là

Tout n'est pas littérature! : la littérarité à l'épreuve des romans pour la jeunesse

Bertrand Ferrier, c'est un peu le prof que tout le monde voudrait avoir pour mieux comprendre les enjeux actuels de la littérature pour la jeunesse. "Maître de conf'" associé à l'Université du Maine et directeur du master 2 de littérature pour la jeunesse, pas moins. Si vous n'êtes plus étudiant, vous pouvez vous rattraper en suivant son blog.

Et il n'y a pas longtemps, pour notre grand plaisir et surtout pour notre culture, il a commis un pavé (soyons honnêtes, il fait aussi office d'haltères..); un point complet, assez accessible et ultra documenté sur la question de la littérarité du corpus jeunesse actuel. Une préface de Marie-Aude Murail, une bibliographie impressionnante et un ton qui ne manque ni d'humour ni d'exigence. Vous demandez le programme complet? Voir le sommaire

En quelques lignes, dans cette étude trois question se posent: c'est quoi, un LIVRE pour la jeunesse? comment un livre peut-il être POUR la jeunesse? et d'abord, de quelle JEUNESSE s'agit-il? Trois axes pour y répondre: "la production (quels sont ces livres ?), l’écriture (quels vocabulaire, syntaxe et registres de langue sont employés ?) et les thématiques (comment traite-t-on sujets consensuels et polémiques ?)."

Mais dans ses pages on se penche aussi pêle-mêle sur les phénomènes de filmisation, sur les thématiques de la mort et de la sexualité, sur l'importance du nom du héros, sur les langages, sur le politiquement-correct en jeunesse...

On pioche ce qu'on veut ou on suit l'intégralité de la réflexion, on apprécie les annexes et biblios riches d'infos....et on découvre pas mal de clés pour aborder, comprendre, choisir ou juste connaître la littérature pour la jeunesse d'aujourd'hui.

Dans quelques années il faudra déjà réactualiser ce travail de titan (et tant mieux puisque ce sera un signe d'évolution et de renouvellement j'espère), mais en attendant, c'est un des meilleurs ouvrages que j'ai lu sur le sujet, merci!  Bien passionnant tout ça!! (Et il y a des stages de mise à niveau pendant les vacances?...)

Edition du Seuil

Les lapins chantent dans le noir

...et je n'ai pas eu le courage d'attendre la fin de la chanson puisque j'ai abandonné ce livre en route.

L'héroïne se prénomme Else, elle est passionnée de lecture. Son père est critique littéraire redouté, sa mère écrit des romans à l'eau de rose. Leurs travaux ne se mélangent jamais, jusqu'au jour où monsieur doit faire une critique sur madame. Le climat se tend, et on envoie la jeune Else chez son oncle Robert à Oxford. Sur les pas d'Alice au pays des merveilles et de Lewis Carroll, Else est alors emportée dans un tourbillon d'aventures décousues, de rencontres loufoques etc...

C'est un festival de non-sens, de bizarreries, de références qui semblent parfois inaccessibles, le tout servi par une langue plus que difficile...

Je suppose que certains peuvent y trouver une mise en abyme stimulante en pièces détachées, moi j'ai vite renoncé à courir après le lapin blanc..(et entre nous, je n'imagine pas de jeunes lecteurs ou même de vieux-jeunes-lecteurs s'y aventurer avec délice..). Pourtant le résumé me tentait beaucoup!

Par contre, pour une réécriture en fantasy d'Alice au pays des merveilles, je recommande les géniales "Guerres du miroir" de Beddor

     ©  Ecole des loisirs

L'huile d'olive ne meurt jamais     Sophie Chérer

Inspiré d'une histoire vraie, c'est d'autant plus prenant: à Palerme, la baronne Cordopari gère seule son propre domaine et sa fabrication d'huile d'olive. Mais la Mafia convoite ses terres et quand elle refuse de collaborer à leurs agissements douteux, l'organisation en fait une paria en son pays. La dame lutte vaillamment contre la Cosa Nostra aux bras puissants et dangereux. 

En France, à des kilomètres de là, Caroline évoque cette histoire en classe, et montre à ses camarades son admiration pour la baronne. Olivier aimerait lui aussi être admiré par Caroline, et plus si affinités d'ailleurs...  alors quand ses parents l'emmènent en vacances en Sicile, l'amoureux enhardit s'imagine en sauveur et veut se porter au secours de la baronne Cordopari, il enfourche sa vespa et va récolter les olives...Olivier au nom prédestiné travaille alors aux côtés de la baronne, et sa présence va énerver la Mafia...les ennuis commencent et le danger pointe.

Le récit s'accélère et d'une petite idylle banale mêlée de sentiments de bravoure on plonge dans une intrigue complexe au sujet grave et réaliste. Le résultat est très réussi.

Et si vous avez aimé; il y a la suite!!  Parle tout bas si c'est d'amour

 On retrouve Caroline et Olivier. Amoureux, en cours au lycée, et plus précisément en "cours d'éducation sexuelle"; quand une pétillante grand-mère parle d'amour à des adolescents, d'amour partagé, épanoui et responsable. Et ils vont en avoir besoin, nos deux amoureux, parce qu'ils vont devoir faire face à une situation d'adultes, déjà...

Un récit bien moins trépidant que le premier, mais qui évoque l'amour d'une belle façon, avec des histoires passées, d'autres à réparer, et d'autres encore qui vont éclore...une présentation du sujet qui diffère des classiques interventions du planning familial et qui laisse la part belle à la parole.  à déguster avec bonheur!

Coup de coeur pour les titres de cette auteur ! "L'huile d'olive ne meurt jamais "a été choisi par des élèves, et je trouve que c'est vraiment très bien trouvé, ça intrigue et ça marque!

Par contre, on ne peut pas dire que les illustrations de couverture soient très inspirées..(Ecole des loisirs, si tu nous écoutes...) et il faut vendre l'histoire pour que les lecteurs aient la chance de découvrir et d'accorcher!!