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Romans YA/adultes - Page 39

  • Un été sans les hommes, de Siri Hustvedt

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    Babel, Actes Sud mai 2013, Siri Hustvedt

    Où comment parler de folie, d'attachement, de séparation et du temps qui passe avec humour et finesse. Regard tendre, écorché et attentif pour écrire la solidarité entre femmes.

    Mia la poétesse était mariée à Boris le neuroscientifique. Mais celui-ci s'est mit en mode "pause" avec une jeune française. Immense choc. Mia traverse alors un épisode de folie et décide à sa sortie d'hôpital de se réfugier près de sa mère pour l'été. Pendant cette saison lumineuse, elle va côtoyer différentes générations de femmes et doucement retrouver un équilibre. Entre les pensionnaires de la maison de retraite où elle rend visite à sa mère, le groupe d'adolescentes pour qui elle anime un atelier de poésie et sa jeune voisine, mère dévouée au mari difficile, Mia écoute, oberve et tisse des liens, elle devient de plus en plus consistante, elle retrouve des certitudes. Elle se retrouve en s'ouvrant aux autres.

    La narratrice alterne les moments de récits, les appartés directes au lecteur, la conversation en pointillés avec son mari qui n'a pas dit son dernier mot, des extraits d'un récit sur sa vie sexuelle, les séances téléphoniques avec sa psy, le contact avec sa fille ou un mystérieux correspondant anonyme. Ce mélange déjà étourdissant s'alourdit encore de digressions. Le texte comprent en effet de nombreux extraits littéraires, poétiques, philosophiques ou même scientifiques. Mais la conversation reste éveillée, directe, et l'auteur est attentive à garder le lecteur à ses côtés avec des détours inattendus par l'humour et l'irrévérence. On se pose avec elle des questions sur les répétitions, les romans de Jane Austen et la pression paternelle. On joue à la poupée. On s'attache à ces vieilles dames émouvantes qui font face à la vieillesse ou à des jeunes filles  fragiles, cruelles et pleines d'espoirs à la fois. On accompagne Mia dans son parcours jalonné dans le texte de quatre illustrations comme autant d'étapes dans la reconstruction. On touche du doigt le pouvoir consolateur de l'écriture et du soutien entre femmes.

    Si l'on n'abandonne pas la lecture, si l'on n'abandonne pas Mia en cours de route, l'histoire finit bien, le lecteur (la lectrice?) est ravi, voire apaisé. Et même si parfois je sentais mes épaules bien lourdes devant tant de pistes, je n'ai pas abandonné! ;) (Mais je conseille du temps et du calme à ceux qui tentent l'aventure, et j'imagine bien que les digressions peuvent lasser.)

    Siri Hustvedt est une féministe qui a elle-même été professeur d'écriture dans un établissement psychiatrique, qui a étudié les neurosciences, la philosophie et la poésie. Qui est aussi la femme d'un homme célèbre (qui lui fait peut être de l'ombre?) C'est surtout ici l'auteur d'un roman d'abord blessé puis optimiste sur une résurrection au carrefour de différentes générations, dans le sein des femmes.

    "rien n'est répété exactement, même les mots, parce que quelque chose a changé dans celui qui parle et dans celui qui écoute, parce qu'une fois les mots dits et puis redits encore, la répétition elle-même les altère "


    Siri Hustvedt - Un été sans les hommes par Librairie_Mollat

  • Mon doudou divin, de Katarina Mazetti

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    ©Babel mai 2013, Katarina Mazetti

    Fausse légèreté pour vraies questions, crise de foi, prétexte en bois et retraite spirituelle


    "Pigiste pour la presse féminine, Wera tombe sur une petite annonce proposant un stage en spiritualité. Un sujet en or ! C’est parti pour trois semaines d’immersion à La Béatitude, en compagnie de personnages hauts en couleur… Ressortiront-ils adeptes d’une nouvelle religion ou débarrassés de leurs préjugés ? Tous en tout cas ont besoin de sacré, comme d’un doudou divin à dorloter"

    En lisant la 4ème de couverture on pourrait s'attendre à un texte un peu girly, un peu piquant, voire ironique sur les croyances. Si les situations cocasses décrites par Wera apportent une dose d'humour indéniable, il y a de la sensibilité et de réelles questions derrière le vernis. La journaliste infiltrée à La Béatitude est prise à son propre piège et devra faire face à des sentiments inattendus. Les points de vue alternés de Wera et d'une autre stagiaire au passé trouble sont complémentaires et bien trouvés.

    Les aspirations et croyances de chacun des stagiaires offrent un panel assez large et intéressant, le huis-clos de la retraire spirituelle permet aux personnalités de s'épanouir, les failles et richessses de chacun apparaissent. Si certains passages sont parfois longuets et trop évidents, le tout est agréable et on se surprend à vouloir consoler, secouer ou secourir tel ou tel personnage. En quête de spiritualité tout autant que de liens humains, les stagiaires cherchent surtout les occasions de se réchauffer les uns aux autres, même quand les opinions divergent. Et le lecteur aussi, finalement....

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    J'ai lu d'autres livres de cet auteur, dont son plus grand succès que j'avais préféré: le mec de la tombe d'à côté

  • Druide, par Olivier Peru

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    ©Eclipse 2010, Oliver Peru

    Roman envoûtant de fantasy sombre, entre policier et fantastique

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    "  Les druides règnent sur une forêt primordiale et sacrée sise au coeur du monde. Détenteurs d'une sagesse millénaire, ils sont les gardiens du Pacte Ancien, dont le respect garantit la paix entre les peuples. Mais un crime de sang d'une violence inouïe met en péril le fragile échiquier politique des royaumes du Nord. Le druide Obrigan, aidé de ses deux apprentis, ne dispose que de vingt et un jours, pas un de plus, pour élucider les circonstances du drame, faute de quoi une guerre totale éclatera. Et tandis que le compte à rebours tourne, chaque lune apporte son lot de nouveaux cadavres, l'entraînant toujours plus loin dans l'horreur..."

    Ce roman a fait le buzz sur la toile et dans les magazines à sa sortie (et évidemment j'étais passée à côté).

    Mon club de lecture L'île aux livres a eu l'excellente idée de le proposer pour le mois de février et j'avoue que ça a été pour moi un gros coup de coeur.

    Je ne vous propose pas de résumé perso, parce que l'intrigue est dense, les fils nombreux à démêler, et les personnages très riches. On y serait encore dans trois pages. Je vous dirais quand même que les 21 chapitres (comme les 21 jours donnés à Obrigan pour résoudre l'enquête) passent à une vitesse folle et que la taille du livre ne doit pas décourager.

    J'AI AIME: le format "one-shot" d'une histoire qui a une fin, assez rare dans ce genre fantasy. l'ambiance mystique d'un univers complexe dont on découvre la hiérarchie, l'histoire et la géographie, les codes, les sombres secrets et surtout l'ordre druidique si passionnant...  le personnage d'Obrigan, qui me fait furieusement penser à un certain "Obi Wan", dans son attitude solitaire mais altruiste et dévouée, son attachement à ses apprentis, ses ressources intellectuelles, sa grande intelligence et sa malice.

    J'AI MOINS AIME:  l'abandon très frustrant de certains personnages auxquels on s'attache et dont on n'a plus de nouvelles ensuite jusqu'au dénouement (mais où es tu, Tobias? et surtout toi, Kesher?), les effets de flashback pour des révélations qui sont parfois déséquilibrées (tout d'un coup, mille infos surgissent en deux pages).

    C'est en tout cas un superbe récit au rythme soutenu et à l'intensité forte, qui met en scène des héros à la psychologie finement travaillée.

    Olivier Peru a laissé tomber un -i de son prénom au passage pour signer ce (gros) roman.

    Les éditions J'ai Lu le rééditent en 2012

    Une interview de l'auteur sur d'autres oeuvres et projets sur Krinein:



  • Demain j'arrête, par Gilles Legardinier

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    © Fleuve noir2011, Gilles Legardinier

     Un roman absolument drôle, une gourmandise pleine d'amitié, de beaux moments de vie, de sentiments chaleureux, un succès de librairie qui m'a apporté bien des fous-rires!!

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    "Comme tout le monde, Julie a fait beaucoup de trucs stupides.
    Elle pourrait raconter la fois où elle a enfilé un pull en dévalant des escaliers, celle où elle a tenté de réparer une prise électrique en tenant les fils entre ses dents, ou encore son obsession pour le nouveau voisin qu'elle n'a pourtant jamais vu, obsession qui lui a valu de se coincer la main dans sa boîte aux lettres en espionnant un mystérieux courrier… Mais tout cela n'est rien, absolument rien, à côté des choses insensées qu'elle va tenter pour approcher cet homme dont elle veut désormais percer le secret.
    Poussée par une inventivité débridée, à la fois intriguée et attirée par cet inconnu à côté duquel elle vit mais dont elle ignore tout, Julie va prendre des risques toujours plus délirants, jusqu'à pouvoir enfin trouver la réponse à cette question qui révèle tellement : pour qui avons- nous fait le truc le plus idiot de notre vie ?"

    Ce que j'ai ri à la lecture de ce livre! Entre sourires intrigués, mimiques complices (ha tiens, moi aussi j'ai déjà fait ça) ou rire franc, j'ai travaillé mes zigomatiques! Je l'avais repéré en librairie (difficile de passer à côté de sa couverture), et j'ai eu le plaisir de pouvoir le récupérer lors d'un troc au club de lecture. Une lecture qui détend simplement, qui fait voir la vie en rose, sans torturer le cerveau.

    L'héroïne est un mélange d'Amélie Poulain, de Bridget Jones et de mademoiselle tout le monde. A ses côtés on accompagne les amies déjantées, on échaffaude des plans fous, on apprécie l'odeur d'une boulangerie, on déteste la course à pied, on imagine la vie des voisins...

    Gilles Legardinier écrit une tranche de vie pétillante, au caractère universel, piqué de belles réflexions et dopé à l'optimisme. L'homme était connu pour ses romans noirs, avec "Demain j'arrête" et "Complètement crammé" (un autre personnage principal) il prouve qu'il sait aussi offrir des pages d'humour.

    Ce roman sort en poche début avril, vous n'avez plus aucune excuse pour ne pas tenter l'aventure si la légèreté vous tente!

    Le site de Gilles Legardinier est à visiter

    EDIT: la couverture spéciale Noël, que j'ai cherchée après un com' qui en parlait: