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La fourmi rouge, Emilie Chazerand

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Un roman hilarant, un quasi coup de cœur mais une petite pointe d'amertume ! (*voir en fin d'article l'arête coincée en travers de la gorge)

Ce roman des éditions Sarbacane avait décidément beaucoup d'échos positif, il me fallait le découvrir !

"Vania Strudel a 15 ans, un œil qui part en vrille et une vie qui prend à peu près la même direction.
Et ce, à cause de :
- Sa mère, qui est morte quand elle avait huit ans.
- Son père, un taxidermiste farfelu.
- Pierre-Rachid, son pote de toujours, qui risque de ne plus le rester…
- Son ennemie jurée, Charlotte Kramer, la star du lycée.
- Sa rentrée en Seconde, proprement catastrophique.

Pour Vania, c’est clair : l’existence est une succession de vacheries, et elle est condamnée à n’être personne. Une fourmi parmi d’autres. Mais un soir, elle reçoit un mail anonyme, qui lui explique en détail que non, elle n’est pas une banale fourmi noire sans aspérités. Elle serait même plutôt du genre vive, colorée, piquante ! Du genre fourmi rouge…"

Quel style décapant, quel sens de la formule dans ce joyeux feu d'artifice de loufoquerie! J'ai adoré la répartie de cette Vania anti-héroïne parfaite, looseuse de première catégorie, qui affronte les catastrophes avec courage, cynisme et langue acérée. J'ai apprécié les sujets de vie abordés avec réussite (parents solos, harcèlement scolaire, deuil..) Joie et larmes, fous-rires et moments d'émotions, cette lecture est à elle-seule un remède anti-déprime et une gymnastique des zygomatiques! Comme beaucoup, j'ai pensé aux Petites Reines de Clémentine Beauvais, et associé dans mon esprit Mireille et Vania. Je n'ai pu retenir aucun éclat de rire, et j'ai savouré son quotidien de fourmi qui se rebelle. Mais...

 

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Mais là où Mireille restait bienveillante, Vania pique trop à mon goût. Parfois cette fragile frontière de l'humour appuyé bascule maladroitement du côté obscur. Bref, je dégustais cette lecture, quand....boum, la phrase qui tue, l'arrête de poisson dans un plat qu'on adore, le HIC qui déçoit d'autant plus qu'on se sentait en confiance et en harmonie....le coup de claque discriminatoire inutile et maladroit de la page 223: "Dans certaines cultures, et dans une ou deux régions de France, 15 ans et peut-être l'âge normal pour avoir un enfant soi-même (non, je ne pense pas du tout au Nord-Pas-de-Calais), mais ce n'est jamais celui de devenir grande sœur!"

Boum badaboum patatras, la chute fut rude, Emilie. Nooon, pas ça! Mais si, argh... parce que jusqu'ici le piquant et l'ironie de Vania-vous restait du bon côté, flirtant avec brio avec les références malicieuses, l'auto-dérision et les piques bien senties. J'avais pensé plusieurs fois"elle est gonflée" ou "tiens, c'est du lourd ça", mais en même temps "elle est culottée, c'est génial". Sauf que cette phrase là a donné un mauvais goût aux autres. J'ai juste eu un énorme sentiment de stéréotype facile, de "c'est pour du rire" méchant. Et surtout, une déception amère d'injustice qui colle à la peau, moi la nordiste fière de l'être. Je fais quoi, moi, pour parler de ce livre que j'adore-ceci-dit à mes élèves de 15 ans justement, et du Nord Pas de Calais justement ? Parce que ce roman qui devrait booster la confiance en soi des ados aurait l'effet inverse avec cette allusion. Parce qu'elles (public majoritaire de cette lecture) se sentiront stigmatisées. Ou pas du tout j'espère, et ce sera juste moi qui me serais offusquée pour rien, parce que je n'ai pas pris assez de recul sur certaines lourdeurs. Ce serait bien, parce que sinon j'ai vraiment beaucoup, beaucoup aimé ce livre, et je comptais en dire beaucoup, beaucoup de bien ! 

Une super interview de l'auteure sur le blog de la Licorne à lunettes !

La fourmi rouge, Emilie Chazerand, éditions Sarbacane (août 2017), 256p., 15.50€

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Commentaires

  • je ne l'ai pas lu mais je comprends ton arrête coincée dans la gorge, c'est dommage de retrouver ce genre de phrase dans un roman jeunesse

  • Je serais sans doute passée à côté de cette arrête car pas du tout originaire de cette région mais je comprends tout à fait ta réaction. J'aimerais bien avoir d'autres réactions à ce sujet d'ailleurs...

  • Chère Madame,

    Vous avez été choquée, à la lecture de ce roman, par un trait d'humour qui ne vous a pas semblé suffisamment "bienveillant", et qui vous a paru "bête et mechant".
    Soit, peut-être qu'il l'est. Vous l'avez parfaitement compris : l'héroïne de ce roman, Vania, "pique". À tout va, sans distinction et sans réserve, pour le plaisir et peut-être pour d'autres raisons, que l'on découvrira à la fin de l'histoire. Mais ne pensez-vous pas qu'il est nécessaire, et même sain, de laisser à une héroïne telle que Vanià sa parole pleine et entière, AVEC CE QU'ELLE PEUT AVOIR DE CHOQUANT ?
    C'est la force du roman d'une façon générale, de la fiction : sa merveilleuse et revigorante liberté.
    En tant que lecteur, je suis certain que vos ados seront capables de comprendre qu'il ne s'agit "que" d'une blague faite par une héroïne de papier - si elle les agace, c'est à raison, car Vania est souvent agaçante ! C'est aussi pour ça que le personnage est si beau, humain et réussi. ..
    Par pitié, ne confondons pas roman et manuel d'éducation bienveillante ! Notre époque se plaît trop à ce genre de confusion ; en tant qu'éditeur, je m'y refuse.
    Je me suis permis ce petit mot, chère Madame, parce que j'ai noté que votre critique était vive et bien tournée, et que j'ai été bien desolé de ce désaccord...
    En espérant que vous entendrez ma réponse,
    Tibo Bérard
    Éditeur responsable de la collection EXPRIM

  • j'avais vu le billet mitigé également de Sophielit qui évoquait certaines obsessions trop appuyées alourdissant le récit.. moi j'apprécie de connaître aussi des points de vue différents sur les romans, et me faire ma propre idée ensuite.

  • je pense qu'il faudra rectifier pour vos ado :une arête de poisson
    avec un seul R , SVP

  • Moi j'aurais écrit vos ados avec un s à ado...

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