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Petites madeleines - blog livres littérature jeunesse - Page 268

  • La conséquence de mes actes, Eva Kavian

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    ©Mijade mars 2013, Eva Kavian

    Twitter, l'homoparentalité, une relation père-fils, ce petit roman est un cocktail original !


    "Je m’appelle Homère Kish. En dehors du départ de Maman‚ je suis responsable de ce qui est arrivé.
    Qu’il s’agisse de mon amitié avec Sophie‚ de la vie amoureuse pathologique de Papa‚ de mon addiction à l’ordinateur‚ de l’inscription de mes frères dans un mouvement de jeunesse‚ de mon choix de n’aller chez l’orthodontiste qu’avec Maman… chacun de ces choix a eu pour effet que je viens de passer des vacances épouvantables et traumatisantes."

    Ce garçon que l'on découvre à travers la rédaction qu'il a à faire, c'est un personnage hautement sympathique, humain, vif et entier. Homère (appelons-le comme ça au début en tout cas) nous offre le regard franc d'un adolescent d'aujourd'hui confronté à des bouleversements familiaux, et pas des moindres! Maman s'épanouit dans son homosexualité, Papa retrouve une nouvelle jeunesse en compagnie de l'orthodontiste, et on peut vite se sentir oublié dans tout ça! L'éclosion de la sexualité du héros, sa sensibilité, son côté geek, ses faiblesses et ses coups de colère, tout est finement et très justement dépeint dans un texte moderne (merci les notes de bas de page pour les non-initiés).

    Eva Kavian m'avait charmée et émue avec Premier chagrin, elle réussi encore à me faire passer un bon moment de lecture mais de qualité légèrement moindre. Je regrette quelques gymnastiques alambiquées dans l'ordre du récit et l'identité du héros sous couvert d'une mise en abyme (une rédaction qu'on lui a donnée à faire) qui ne me paraissait pas si nécessaire et qui donne un ton décousu à une intrigue pourtant sympathique. Il y a de belles choses du quotidien dans ce récit, des sujets abordés directement et très naturellement, ce qui est sûrement la signature d'Eva Kavian, et c'est un plaisir!

    Dédicace du livre par l'auteur:
    "Après avoir écrit "Premier chagrin", je n'en avais pas fini avec mes personnages. J'ai donc décidé de les retrouver, un an plus tard. Par ailleurs, j'avais envie de m'essayer à mettre en place un univers plus masculin. Cette fois donc, Gauthier est le personnage principal. Il a quinze ans, ses parents se sont séparés. Il choisit de vivre chez son père qui ne va pas trop bien et lui propose un contrat : il aura une moyenne de 14 au prochain bulletin, si son père accepte de s'inscrire sur un site de rencontres. Si le roman est drôle, il aborde néanmoins des questions telles que la famille recomposée, l'incidence des choix parentaux sur les enfants, la solitude face aux "copains" avec qui il n'est pas simple de parler de certaines choses, mais aussi les liens père-fils, la place et la fonction des liens virtuels, l'éveil de la sexualité... Le père de Gauthier, très amoureux, va "caser" son fils chez les parents de sa belle, la semaine de vacances la plus épouvantable de la vie de Gauthier. Et finalement, oui, j'ai bien aimé entrer dans la peau d'un ado de 15 ans, regarder le monde avec ses yeux !"

    La très chouette maison d'édition belge Mijade signe encore là un beau texte!


  • La fille aux doigts d'or, de Julien et Benjamin Guérif

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    ©Syros mai 2013, Julien et Benjamin Guérif

    Quand une femme fatale s'interpose entre un père et son fils, la paranoïa s'installe...


    "Léo vit seul avec son père, veuf depuis quelques années. Tous deux ont la passion des vieux films et se concoctent de longues séances devant des DVD en version originale, avec pizzas et Coca à volonté. Mais leur vie change du jour au lendemain lorsque le père de Léo se met à sortir avec une étudiante blonde, grande et mince, et surtout jeune, vraiment très jeune. En s’aidant de l’expérience de ses amis et des très nombreux scénarios de films dont il connaît par cœur toutes les ficelles, Léo cherche à comprendre qui est cette Marianne au ton sec et hautain, et surtout ce qu’elle veut vraiment."

    Ce roman tisse une toile noire insidieuse sur ses personnages. Le trouble s'installe au fur et à mesure que Léo se méfie de Marianne. Le mal être, la paranoïa implacable pèse sur le lecteur et fait froncer les sourcils. Une menace plane et les rebondissements s'enchaînent entre plusieurs références de films (liste sur le site de Syros). Ce roman se lit d'une seule traite. L'atmosphère est très bien rendue et j'ai été troublée et parfois même gênée (mais qui est le plus diabolique, finalement?). La fin me laisse un peu frustrée et je regrette le format trop court.

    Les auteurs sont frères, fils du directeur de cette collection Rat Noir chez Syros, inspirés par le cinéma et l'édition, l'alchimie fonctionne bien. D'autres titres du duos sont à découvrir.


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  • Le marchand de souvenirs, de Ghislaine Biondi

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    ©Oskar éditionsavril 2013, Ghislaine Biondi

    Une boutique pour rattraper les oublis de la vie et s'offrir des souvenirs...


    "Un magasin de souvenirs vient d’ouvrir à deux pas de chez Antoine. Mais chez ce marchand-là, on ne trouve pas les souvenirs habituels, T-shirts, tours Eiffel et autres boules à neige. Ici, on trouve des souvenirs de moments que l’on n’a pas vécus. Alors Antoine s’achète des souvenirs de vacances à la plage : il en rêve, et sa mère ne veut jamais l’y emmener. Dans ces souvenirs, il retrouve même son papa qu’il ne connaît pas. Et qui sait ce qui attend celui qui arrive à rêver sa vie..."

    C'est un beau récit que cachent ces 64 pages très vite dévorées. Même quand on a l'âge d'Antoine on a déjà quelques regrets, des envies de beaux souvenirs. Et quand une boutique pareille offre de vivre enfin ces moments rêvés, c'est une porte ouverte vers le bonheur et de grands changements.

    Ce très court roman est plein de poésie du quotidien, avec la touche fantastique des souvenirs qui illuminent de sensations et d'émotions par procuration. Le format est peut être un peu frustrant et pousse à des raccourcis faciles, en même temps c'est un tremplin vers les propres souvenirs ou envies du lecteur... une belle idée que ce récit pour les jeunes lecteurs, donc !


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  • Les pères et les mères sont des humains comme les autres, par Paul Mesa

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    ©Albin Michel mars 2013, Paul Mesa

    Roman poétique aux arômes de saudade,

    de café et d'histoires d'amour

    "Bianca, une petite femme de chambre que tout le monde appelle Bica – le nom d’un café portugais bien serré – a deux rêves : faire un enfant pour que sa mère Maria Teves, récemment décédée, aille au ciel, et découvrir l’identité de son père, qu’on lui a toujours cachée. Mais rien ne se passe comme prévu : Maria réapparaît, morte et pourtant fraîche comme un gardon, et l’homme que Bica a choisi comme père de son enfant se dérobe. Il est trop beau, trop riche, et beaucoup trop marié. Les péripéties qui s’ensuivent, et qui mèneront Bica jusqu’à Lisbonne, se mêlent au récit d’une enfance nomade, où sa mère l’entraînait de ville en ville au rythme de ses amours improbables…"

    J'ai été séduite par ce premier roman tendre et charmant mais aussi touchant et parfois piquant de réalisme dans les émotions décrites et la galerie de personnages dépeinte. Bica nous ouvre les portes des chambres de l'hôtel, mais aussi celles de son histoire personnelle, de ses aspirations romantiques, de ses sombres secrets.

    J'ai beaucoup aimé les petites parenthèses sur chaque personnage, parenthèses présentant leur taille et goût en matière de café, un peu à la manière d'Amélie Poulain. D'autres touches de fantaisie ponctuent le roman qui est pétillant de quiproquos et de maladresses, mais possède aussi ses moments plus graves, plus lourds.

    Les chapitres alternent un point de vue extérieur et le carnet secret de Bica qui raconte sa vie à son père absent. Très complexée, aveuglée par un amour fantasmé, perturbée par la perte de sa mère, entière et vive comme la fille de Lisbonne qu'elle est finalement, Bica est absolument attachante, imparfaite, dévouée, avec un grain de folie particulier. Heureusement la réalité la rattrape, d'autres vont finalement lui ouvrir les yeux, son image faussée de l'amour sera chamboulée. Lors d'un périple final romanesque à souhait dans la magnifique Lisbonne, Bica apprendra à pardonner, à accepter, à aller de l'avant.

    Un roman sucré mais aussi puissant et très agréable!