Un roman choral touchant, une parenthèse pour tenter de se reconstruire...
Cinq personnalités cabossées, cinq ados et autant de destins ébranlés, qui se retrouvent dans une maison à la campagne. A l'invitation d'Aïcha, psychologue dévouée, ils vont mettre cette pause à profit pour se découvrir, s'entraider. Mais les traumatismes de chacun sont profonds, les secrets lourds à partager, et l'équilibre est très fragile.
J'ai aimé cette idée d'une bulle offerte pour se reconstruire. Je suis souvent craintive devant un roman choral, de peur de confondre les personnages, ou de m'attacher davantage à certains qu'à d'autres et de vouloir zapper des passages. Ici les personnalités sont marquées et fascinantes. La tension est palpable, puisqu'on veut connaître leurs blessures, tout en redoutant les révélations. J'ai été touchée par les fêlures et les parts d'ombre, les culpabilités portées.
Mais j'ai aussi regretté des invraisemblances, des ellipses temporelles parfois maladroites, qui servent à dévoiler les passés mais qui exigent beaucoup de concentration. Et surtout, j'ai été surprise par l'attaque de militants d'extrême droite dans la parenthèse-refuge. J'ai saisi que c'était un élément déclencheur puissant pour faire voler l'équilibre en éclat, pour dynamiser le récit et mettre à l'épreuve les héros, mais je suis restée dubitative. Ce passage a perturbé ma lecture au lieu de la faire gagner en intensité.
Pour moi, c'était une forte lecture sur la résilience, la puissance des liens qu'on se choisit, les parcours de vie. Mais puisque j'ai parfois eu du mal à garder le fil, cette lecture restera touchante, sans être un coup de cœur.
Vers les lueurs, Juliette Adam, éditions Flammarion (janvier 2024), 445p., 18,50€